Le pari est simple, gigantesque et astucieux, mais surtout nécessaire. En effet, afin de nourrir les neuf milliards d'habitants que la Terre comptera en 2050, il faut dès à présent abandonner les méthodes archaïques d'irrigation des cultures, et, chose que nous savons déjà, mieux éduquer nos futures générations dans leurs rapports avec l'or bleu.
C'est sur cette base de réflexion et sur l'idée de concevoir dès maintenant les techniques permettant de nourrir plus tard nos générations que les spécialistes se sont réunis à Stockholm. L'urgence réside surtout dans le fait d'inventer diverses nouvelles technologies consommant toujours moins d'eau mais permettant toujours plus de moissons et de productivité. Une logique qui obéit aux ressources hydrauliques déclinantes dans le temps, et toujours en voie de disparition.
Ainsi, pendant la semaine internationale de l'eau qui s'est déroulée dans la capitale suédoise, experts, entreprises et ONG ont montré que l'adoption de techniques de planification de l'exploitation des ressources hydrauliques permettait de faire face aux besoins alimentaires croissants.
I-Crop
PepsiCo à ainsi présenté ce qu'elle a créé avec l'Université de Cambridge : i-crop, une plate-forme complète permettant aux cultivateurs de déterminer avec précision l'irrigation nécessaire à leurs champs grâce à la collecte sur Internet de différentes données, notamment météorologiques et sur l'état de la terre.
Le programme, lancé en 2010, se met à jour tous les quarts d'heure et a permis de diminuer de 8% l'utilisation d'eau et d'augmenter de 13% la production de pommes de terre, pour exemple ! I-crop présente "un intérêt mondial pour la sécurité alimentaire", a indiqué à l'AFP Ian Hope-Johnstone, directeur du département Agriculture durable de PepsiCo.
Et cela montre bien que les valeurs véhiculées par Internet peuvent être salvatrices !
Si le programme est aujourd'hui utilisé actuellement pour la culture de pommes de terre, et principalement en Europe occidentale, la question évidemment, reste à étendre aux pays en voie de développement. "Il y a une occasion à saisir », a pour sa part confirmé un professeur de Cambridge chargé du programme, David Firman.
Il va de soi que les P.E.D. auront à adapter i-crop (ou vice-versa). Car les conditions climatiques diffèrent fortement et les cultures et la nature des terres sont tout autant de paramètres à prendre en compte et les zones souhaitant recourir au programme devront s'équiper d'infrastructures suffisantes, permettant en tous cas de supporter le programme.
Econweap
Le Stockholm Environment Institute vient pour sa part de mettre au point un système, ECONWEAP, qui adapte l'offre hydraulique aux besoins de l'agriculture. Il permet d'optimiser la répartition de l'eau dans un champ en fonction des variations des températures et des précipitations.
"ECONWEAP garantit que les choix de consommation d'eau sont compatibles avec l'offre actuelle dans chaque région au cours de l'année - mais il attribue aussi l'eau selon le modèle hydrologique afin de maximiser les avantages socio-économiques", a écrit une des responsables du projet, Laura Forni.
Actuellement utilisé en Californie, il est transposable dans n'importe quel bassin! Dans les pays en voie de développement, la mise en place de tels programmes n'est possible que si les gouvernements sont présents, a souligné à l'AFP un responsable de l'ONG WaterAid, Dave Hillyard.
Au Burkina-Faso, l'implication de l'Etat dans la gestion des ressources en eau vise à améliorer l'agriculture et la vie des cultivateurs.
"Nous essayons de montrer aux agriculteurs que, outre [l'adoption de] techniques, ils doivent utiliser l'eau de manière plus efficace (...) et améliorer la manière dont ils cultivent", a déclaré le ministre burkinabé de l'Agriculture, de l'Eau et de la Pêche Laurent Sedego.
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