Concombre, pomme de terre, menthe, romarin: après New York, Londres ou Paris, l'agriculture verticale s'enracine à Hong Kong où, malgré la pollution, des militants du bio font pousser des cheveux aux gratte-ciel.
Avec une densité démographique et un prix du m2 parmi les plus élevés au monde, la mégapole de 7 millions d'habitants est loin d'être un modèle de ville verte. L'automobile domine, et la pollution, malgré la proximité de l'océan, reste importante et tenace.
La sécurité alimentaire y est dans l'ensemble satisfaisante mais Hong Kong ne produit ni fruits, ni légumes, ni viande, important la quasi totalité de sa consommation - à l'exception du poisson, bien évidemment.
Hong-kong est une Chine légèrement différente de sa sœur continentale, ainsi, les résidents, calqués sur le modèle occidental dû à son ancienne concession britannique, sont bien plus exigeants en matière de qualité nutritionnelles :
"Je préfère manger ce que je cultive plutôt que de faire mes courses dans les supermarchés", justifie Melanie Lam, une infirmière de 28 ans qui récolte environ deux fois par semaine dans la "City Farm" (ferme urbaine) du quartier de Quarry Bay.
"Comparés aux légumes du supermarché, ceux que je plante sont plus doux et plus frais. Ca me donne un sentiment de satisfaction plus grand".
Impossible de connaître l'ampleur de l'engouement pour les potagers urbains à Hong Kong. Leurs propriétaires n'ayant pas besoin d'agrément officiel, ils ne sont pas recensés et on ignore donc leur nombre.
"L'agriculture urbaine est de plus en plus populaire (...). Nous nous sommes développés en très peu de temps", assure Osbert Lam, le créateur de la "City Farm" qui revendique une centaine de petits maraîchers deux ans après les premiers semis.
Le toit de l'immeuble de 14 étages contient 400 jardinières, louées entre 150 et 200 dollars de Hong Kong par mois (15-20 euros). On distingue ici des concombres, là des pommes de terre, ailleurs des herbes aromatiques !
Une œuvre également sociale !
Mais l'île d'Hong-Kong n'est pas la seule à être exploitée de la sorte : et mieux encore, certains ont eut l'idée au départ de non seulement pouvoir produire des légumes, et développer une certaine autarcie, mais d'en faire également un véritable motif de rassemblement, multipliant ainsi les échanges entre les gens. Ainsi à To Kwa Wan, dans l'est de la péninsule de Kowloon qui fait face à l'île de Hong Kong, le fondateur d'une ferme explique comment le projet a créé du lien social entre les habitants de ce quartier un peu isolé, mal desservi, où résident de nombreuses personnes âgées.
Au moyen de planches récupérées sur des chantiers de BTP, Chu Pui-Kwan et deux amis ont construit un petit potager sur une tour de 12 étages, avant d'inviter le voisinage à l'inaugurer.
"Nous avons invité les anciens du quartier à monter. Nous leur avons donné de la peinture, et on leur a fait peindre les jardinières", raconte-t-il. "Ils se sont tellement amusés".
Près d'un an plus tard, les jardinières chamarrées donnent en abondance épinards, pêches, citronnelle, menthe et romarin. La ferme est ouverte aux visiteurs et aux écoliers qui viennent y apprendre les vertus de l'agriculture "bio-urbaine".
Pour Chu, "l'idée, c'est de faire en sorte que les gens repartent chez eux un peu plus verts, et qu'ils se mettent au jardinage, sur un toit, une fenêtre ou même dans un pot".
Sur la terre ferme, du côté des Nouveaux territoires de Hong Kong, en allant vers la frontière chinoise, on compte 193 petites exploitations bio, contre 123 en 2008, selon des statistiques officielles. En majorité des jardins ouvriers destinés à l'auto-consommation.
A ce jour, seuls 3% des légumes consommés à Hong Kong y sont produits.
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