Jadav Payeng, 47 ans, a tout seul redonné vie à un banc de sable de 550 hectares au milieu du Brahmapoutre, un fleuve indien. Ce site, situé à Jorhat, à environ 350 de Guwahati, dans l’état d'Assam au nord-est de l’Inde, est extrêmement difficile d’accès : 30 km de route, 7 km de marche et la traversée du fleuve au bon vouloir et à la disponibilité de bateliers.
C’est dans les années 80, que ce jeune indien, âgé alors de 16 ans, prend conscience du désastre écologique des lieux, face aux cadavres de serpents, rejetés sur le banc de sable, après d’énormes crues. « Les serpents étaient morts de chaleur, il n’y avait pas d’arbres pour les protéger ». Le ministère des Forêts, qu’il a alors alerté lui conseille de tenter la plantation de bambous tout en lui précisant que rien ne pourrait pousser à cet endroit. « C’était dur mais je l’ai fait. Il n’y avait personne pour m’aider », raconte Payeng. Le jeune homme a alors quitté son foyer et ses études pour vivre sur le banc de sable pour tailler et arroser ses plantations plusieurs fois par jour.
Après quelques années de labeur, ce banc de sable est devenu un bois de bambou. « J’ai alors décidé de faire pousser de vrais arbres. J’en ai ramassé et je les ai plantés. J’ai aussi rapporté des fourmis rouges de mon village : les fourmis rouges changent les propriétés du sol. ». Bientôt des fleurs et des animaux, notamment menacés comme le rhinocéros à une corne et le tigre royal du Bengale se sont développés dans la petite forêt encore naissante. “Au bout de douze ans, on a vu des vautours. Les oiseaux migrateurs ont commencé à arriver en masse. Les daims et le bétail ont attiré les prédateurs. »
C’est en 2008, après le ravage d’un village voisins par un troupeau d’éléphant venu se réfugier dans la forêt que le ministère des Forêts a entendu parlé de cette forêt. Un conservateur assistant des forêts a alors rencontré Payeng. « Nous avons été surpris de trouver une forêt aussi dense sur le banc de sable. Les gens du coin dont la maison avait été détruite par les pachydermes voulaient abattre ce bois, mais Payeng leur a dit qu’il faudrait le tuer d’abord. Il traite les arbres et les animaux comme si c’étaient ses enfants. Quand on a vu ça, on a décidé de contribuer au proje,. Payeng est incroyable. Ça fait trente ans qu’il est là-dessus. Dans n’importe quel autre pays, il serait un héros » a-t-il déclaré.
Replanté et maintenant officiellement protégé ce site accueille aujourd’hui plusieurs espèces d’animaux dont certains en voie d’extinction, comme des tigres. Une des femelles a récemment donné naissance à deux petits.