PARIS (AFP) - Après avoir distribué pendant 12 ans du café et du cacao équitable, le fondateur de la marque Alter Eco, Tristan Lecomte, s'est lancé dans la commercialisation, tout aussi "équitable" selon lui, de crédits carbone pour financer la lutte contre la déforestation dans des pays du Sud.
"On a planté en deux ans 2,5 millions d'arbres et pris en concession 400.000 hectares de forêt menacés de destruction au Pérou. Sans les mécanismes de compensation carbone, cela n'aurait pas été possible", explique à l'AFP l'entrepreneur de 37 ans, qui a quitté Alter Eco pour cette nouvelle mission.
Son organisation, Pur Projet, conduit 15 projets de "reforestation ou de conservation forestière" confiés à de petits producteurs dans une dizaine de pays, dont le Pérou, le Brésil, le Ghana, le Maroc ou l'Indonésie.
Tristan Lecomte, diplômé de HEC, a opté pour l'entreprenariat social en 1998, date à laquelle il a quitté un poste de contrôleur de gestion pour fonder Alter Eco, marque qui distribue dans la plupart des supermarchés français des produits (chocolat, riz, thé, café) venant de petits producteurs du Sud.
Interpellé par l'impact écologique de ces transports de produits entre le Nord et le Sud, Tristan Lecomte s'est peu à peu intéressé à la lutte contre la déforestation, comme il le raconte dans son livre "Comment je suis devenu plus humain" (Flammarion), paru début avril.
"L'intérêt de planter des arbres, c'est d'avoir une action sur le climat, sur l'eau, sur le maintien des sols, sur les rendements agricoles, sur la diversification des revenus pour les petits producteurs", énumère celui qui est désormais installé en Thaïlande où il s'est reconverti en producteur de riz.
Pour financer ces actions, Pur Projet commercialise "les crédits carbone associés à ces actions de préservation" de la forêt auprès d'entreprises comme Vittel, Vinci, Clarins ou Leclerc, qui y trouvent un moyen de compenser financièrement leurs émissions de gaz à effet de serre, explique-t-il.
"Il y a un gros malentendu sur la compensation", précise Tristan Lecomte, conscient des critiques que suscite parfois ce mécanisme de compensation.
"On voit ça seulement comme une mécanique environnementale : je pollue ici donc je vais dépolluer là-bas. Mais au départ, dans l'esprit du protocole de Kyoto, la compensation carbone est un mécanisme à travers lequel les pays riches participent au développement des pays pauvres en les aidant à le faire proprement", souligne-t-il.
"Il y a une idée fondamentale de solidarité qui a été complètement oubliée", regrette-t-il.
M. Lecomte, qui figurait dans le classement 2010 des 100 personnalités les plus influentes du magazine Time, promeut pour sa part un modèle de marché carbone "équitable", où les crédits sont vendus directement par les petits producteurs aux entreprises, sans intermédiaires ni spéculation.
"Sur le marché carbone existant, sur 10 euros d'achat, il n'y a qu'un euro qui va au projet (de reforestation ou de conservation) parce qu'il y a beaucoup d'intermédiaires. Dans notre cas, sept vont directement au projet", assure-t-il.
"Au niveau des Etats, le système de compensation va mettre beaucoup de temps à se mettre en place, constate-t-il. Au niveau du privé, de tels mécanismes, même s'ils ne sont pas parfaits, permettent de commencer à agir".
© AFP
Créateur d'1jour1sourire.fr
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