Quand on rentre dans le salon BioBela, on est frappé par l’odeur: il n’y en a pas. Comme une centaine de coiffeurs en France, Miguel Da Silva a choisi de faire labelliser ses deux salons parisiens, dans les 9e et 11e arrondissements, «Développement durable, mon coiffeur s'engage». Pour cela, il a fallu réduire sa consommation d’eau et d’énergie, recycler ses emballages et se fournir en produits bio, sans ingrédients chimiques agressifs pour les narines. «C’est aussi meilleur pour les cheveux, pour la santé des clients et pour celle de la coiffeuse, raconte Miguel.»
Des allergies chez les coiffeuses
La coiffeuse, c’est Maria, qui nous explique avant de nous faire passer au bac que dans les salons classiques, «certaines collègues étaient allergiques aux produits chimiques. On est toute la journée dans l’odeur d’ammoniaque, on finit par ne plus s’en apercevoir, mais aujourd’hui si je devais retourner dans un salon traditionnel je préférerais toiletter des chiens!»Ce n’est pas un hasard si le label «Développement durable» a été créé par les Institutions de la coiffure, qui regroupent les régimes de retraite, prévoyance et mutuelles complémentaires de la profession. Son directeur, Jacques Minjollet, explique que la création du label, en 2008, s’inscrivait dans la suite logique des politiques de prévention des maladies et des troubles musculo-squelettiques chez les coiffeurs. «Nous avons ensuite décidé de nous attaquer à la partie environnementale de notre métier: nous produisons des déchets, consommons de l’eau, de l’électricité… Nous avons demandé à des spécialistes de nous aider pour établir un référentiel.»
L’attribution du label repose ainsi sur le respect de plusieurs critères, contrôlés par Ecocert. Chez BioBela, «nous avons réduit notre consommation d’eau et d’électricité de 30% grâce à des économiseurs dans les bacs et des lampes à économies d’énergie, les fournisseurs récupèrent les emballages des produits et nous apportons nos tubes de couleurs vides à la décharge», détaille Miguel Da Silva. Le bruit dans le salon entre aussi en compte ainsi que la qualité de l’air.
Pas de décapage ni de défrisage
«Toutes nos couleurs sont sans parabènes, sans ammoniaque et à base d’huiles essentielles, assure Miguel. Mais on ne fait pas de décoloration, défrisage ou décapage.» Maria confirme en nous massant le cuir chevelu avec un shampooing bio à base d’agrumes et d’huile d’olive bio: «Les mèches plus claires sont faites avec des produits à base d’argile, de fécule de pomme de terre, d’huiles essentielles et de fleur d’oranger.» Pendant la couleur, l’odorat de la cliente apprécie et à long-terme, son cheveu lui dit merci. «Pour un coiffeur, se lancer dans le développement durable ne peut qu’attirer la clientèle, juge Jacques Minjollet. Sans compter que les produits sont moins agressifs et l’environnement plus sympathique pour les coiffeuses donc on a moins d’arrêts de travail.»
Le directeur des Institutions de la coiffure espère que les grandes franchises sollicitent prochainement le label. Miguel, lui, pense que ce sera plus dur pour les salons franchisés, qui doivent déjà payer une redevance et pour qui le surcoût des produits bio viendrait encore s’ajouter aux charges. Chez Bio Bella, le client ne paye pas plus cher pour du vert: 29 euros pour une coupe femme, 19 euros pour les hommes. Et une fois la coupe terminée, aucune trace pour l’environnement: «Tout se recycle, sauf les cheveux!», s’exclame Maria, en mettant une dernière touche de laque naturelle sur la tête bien coiffée et reposée de la cliente.
Serial Sourieur. Rédacteur en chef des magazines et du site web de l'aventure "1jour1sourire
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